It's 5 p.m.
Algiers
La Grande Poste
The war of symbols has begun
The police have just set up on the steps of La Grande Poste
The tribune des libertés is no longer available
There's a strange feeling of expectation
Today, the unknown has invited itself to Algiers.
Young people continue to believe
One of them passes by with a bag and picks up what's lying on the ground
He lifts what falls
The police chief calls for a return to normality: "Clear this out," he tells his officers, and continues: "You've got to circulate, let it circulate.
The officers comply without conviction. They walk alongside those singing.
One says to his colleague, "What do we do now?" and the other replies, "We let them sing, what do you want to do?"
I tell myself that, since February 22, 2019, we Algerians have forgotten what our lives were like before this "dream of freedom". Unfortunately for those who govern us, we no longer know the way back.
We are the poetry of wandering that Édouard Glissant dreamed of in his texts.
We plunge into the beauty of the world.
An artist said to me in Algiers: "I paint to my measure. I've just grasped the meaning of this phrase. In Algeria, we are the measure of freedom, we are painting ourselves to our measure.
They don't recognize our self-portrait.
They don't measure up to us.
Today, the unknown has invited itself to Algiers.
We must continue to paint.
Il est 17 heures
Alger
La Grande Poste
La guerre des symboles a commencé
La police vient de s’installer sur les marches de la Grande Poste
La tribune des libertés n’est plus disponible
Il y a comme un sentiment étrange d’attente
Aujourd’hui, l’inconnu s’est invité à Alger.
Les jeunes continuent à y croire
L’un d’eux passe avec un sac et ramasse ce qui traîne par terre
Il soulève ce qui tombe
Le chef de la police appelle à un retour à la normale : « Évacuez-moi ça » dit-il à ses agents, et de poursuivre : «Il faut circuler, laissez circuler.»
Les agents s’exécutent sans conviction. Ils marchent à côté de ceux qui chantent.
L’un dit à son collègue : «On fait quoi maintenant ?» et l’autre de répondre «On les laisse chanter, que veux-tu faire ?»
Je me dis que, depuis le 22 février 2019, nous, Algériennes et Algériens, avons oublié à quoi ressemblait notre vie avant ce «rêve de liberté». Malheureusement pour ceux qui nous gouvernent, nous ne connaissons plus le chemin du retour.
Nous sommes la poésie de l’errance qu’Édouard Glissant rêvait dans ses textes.
Nous plongeons dans la beauté du monde.
Une artiste m’a dit à Alger : «Je peins à ma mesure.» Je viens de saisir le sens de cette phrase. En Algérie, nous sommes à la mesure des libertés, nous sommes en train de nous peindre à notre mesure.
Ils ne reconnaissent pas notre autoportrait.
Ils ne sont pas à notre mesure.
Aujourd’hui, l’inconnu s’est invité à Alger.
Il faut continuer à peindre.
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