Our new enemies,
The revolution currently underway in Algeria is unfolding with such magic that we sometimes forget the dangers that lie ahead. So, while protecting this new form I call "subversive tenderness", we must be careful to ward off the predators and gravediggers who, under the pretext of tracing the paths of freedom, are steering us towards a black hole from which it will be impossible to escape.
As in 1988 and the early 1990s in Algeria, and as in the Egyptian scenario of the so-called "Arab Spring" in 2011, Islamists are inviting themselves to demonstrations - or at least trying to - and proclaiming themselves, in the name of divine right, the guardians of a lost morality and ethic. Rather than protecting ourselves from this trend, we must renounce it politically, aesthetically and conceptually. It's one thing for the majority of the Algerian people to claim Islam as their religion - but we mustn't forget the Christian, Jewish, atheist and agnostic Algerians, etc. - but that doesn't mean we're going to repeat the same scenario. - but never to repeat the scenario of the 1990s.
In my opinion, the founding principle of the new Algerian republic lies in the country's plural condition, its "archipelago" condition due to the plurality of its languages and beliefs. To achieve this, we have an immense task ahead of us, which can only be accomplished through national education on the one hand, and the writing of history on the other. But there is a much more important task ahead, and one that I'm keen to see: reforming our understanding of Islam. We urgently need to rid Islam of Wahhabism, Salafism and all these retro-historical, non-contextual readings, and found a new approach to Islam based on Ibn Khaldûn's words: "Reality determines consciousness".
Nos nouveaux ennemis,
La révolution à l’œuvre en ce moment en Algérie se déroule dans une magie telle qu’elle nous fait parfois oublier les dangers qui nous guettent. Il faut donc, tout en protégeant cette nouvelle forme que je nomme la «tendresse subversive», veiller à écarter les prédateurs et les fossoyeurs qui, sous prétexte de tracer les chemins de la liberté, sont en train de nous diriger vers un trou noir dont il sera impossible de sortir.
Comme en 1988 et au début des années 1990 en Algérie, et comme dans le scénario égyptien du dit «Printemps arabe» en 2011, les islamistes s’invitent aux manifestations, du moins ils essayent, et se proclament, au nom du droit divin, les gardiens d’une morale et d’une éthique perdues. Plus que se protéger de cette tendance, il faut y renoncer politiquement, esthétiquement et conceptuellement. Que le peuple algérien dans sa majorité se réclame de l’Islam est une chose – il ne faut toutefois pas oublier les Algérien·ne·s chrétien·ne·s, juif·ve·s, athées, agnostiques, etc. – mais de là à renouveler le scénario des années 1990, jamais.
Le principe fondateur de la nouvelle république algérienne réside, à mon sens, dans la condition plurielle du pays, sa condition «archipel» due à la pluralité de ses langues et de ses croyances. Pour aboutir à cela, le chantier qui nous attend est immense et ne se construira que dans le domaine de l’éducation nationale d’un côté, et de l’écriture de l’histoire de l’autre. Mais il restera un chantier beaucoup plus important que j’appelle de mes vœux : la réforme de notre compréhension de l’Islam. Il est urgent de débarrasser l’Islam du wahhabisme, du salafisme et de toutes ces lectures à projection rétro-historique et non contextuelles pour fonder une nouvelle approche de l’Islam autour de cette phrase de Ibn Khaldûn : «Le réel détermine la conscience.»
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